Niger en dehors des sentiers battus

Niger | 5 endroits à découvrir hors des sentiers battus

Partir à la découverte du Niger, c’est voyager hors des sentiers battus, dans un pays charnière entre le Nord et le Sud du Sahara, où des peuples d’origines diverses se croisent depuis des millénaires. De la verdoyante vallée du Niger aux majestueuses dunes sahariennes, arrêt sur cinq incontournables d’un pays rude et authentique, aux paysages à couper le souffle.

Le Niger en bref

Grand comme deux fois la France, le Niger est un vaste territoire qui sert de carrefour d’échanges entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. La langue officielle est le français. On y parle aussi le haoussa, le zarma, le songhaï, le tamasheq et le peul. La majorité de la population est de confession musulmane.

Très largement recouvert par le Sahara et le Sahel (80% du territoire), le Niger est l’un des pays les plus faiblement peuplés d’Afrique de l’Ouest (20 millions d’habitants en 2018). La quasi totalité de la population est rassemblée dans la seule bande verte au sud du pays pour fuir les étendues désertiques qui ne cessent de gagner du terrain (200.000 hectares de désert en plus chaque année). Certains animaux, comme les éléphants, les lions et les girafes, y sont en danger de disparition en raison de la destruction de la forêt et du braconnage.

Avec des réserves en eau extrêmement limitées, de fréquentes sécheresses et une déforestation de plus en plus importante, le pays pourrait bientôt complètement disparaître sous le sable.

Le climat du Niger est de type sahélien et saharien : il y fait chaud ou très chaud ! Les températures moyennes avoisinent 30°C, mais peuvent dépasser 50°C entre mars et juin. Le pays connaît deux saisons, sèche et humide. La saison des pluies commence en juin et peut s’étendre jusqu’en octobre. Elle s’accompagne d’un flux de sud-ouest, la mousson, qui apporte des tempêtes de sable, de nombreuses averses et des orages assez violents. De novembre à février, souffle l’harmattan, un vent du nord-est très sec et fortement chargé de poussière, supprimant parfois toute visibilité.

D’abord colonie française, le Niger obtient son indépendance en 1960. Le pays connaît plusieurs coups d’État et trois périodes de régime militaire avant de devenir une république démocratique et multipartite (régime semi-présidentiel). Depuis quelques années, la région de Tillabéri, dans la zone dite « des trois frontières » entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, est en proie à des attaques terroristes qui ont déjà fait des centaines de morts. L’état d’urgence y est déclaré depuis 2017.

L’économie du pays repose avant tout sur l’agriculture et l’extraction de l’uranium. Périodiquement affectée par des années de sécheresse et/ou des invasions de criquets, la production agricole peine toutefois à suivre la forte augmentation de la population. 41,8% des habitants vit dans un niveau d’extrême pauvreté, soit plus de 10 millions de personnes. Faute d’infrastructures suffisantes, le tourisme y est peu développé. Les randonnées dans le désert pâtissent de l’insécurité liée à la présence de groupes terroristes dans la zone saharienne et, malgré sa richesse biologique et la diversité de ses paysages, le parc national du W peine à concurrencer les parcs du Kenya et de la Tanzanie.

Niamey, porte d’entrée vers le Sahara

Située sur le fleuve Niger, aux portes du Sahel, Niamey, la capitale, est la ville la plus peuplée du pays (1.802.910 habitants en 2018). Véritable pôle commercial et industriel, Niamey est aussi un important carrefour culturel où se côtoient diverses nationalités.

Portique d'arrivée à Niamey (Niger)

Niamey s’est fortement développée grâce aux revenus de l’uranium mais elle est restée une ville tranquille, pleine de charme, loin du brouhaha habituel des capitales africaines. Son grand marché, entièrement reconstruit en 1980 suite à un incendie, est l’un des plus spectaculaires d’Afrique de l’Ouest.

Rue de Niamey

Niamey abrite le Musée national Boubou-Hama. Créé en 1959, ce musée polyvalent et en plein air regroupe des reconstitutions de maisons traditionnelles, plusieurs pavillons exposant des collections ethnographiques et archéologiques, un parc zoologique (un peu triste), un mausolée de l’arbre du Ténéré et un centre artisanal. Plus d’une centaine d’artisans, spécialisés en sculpture, en maroquinerie, en bijouterie, en tissage ou en poterie, s’y affairent sous les yeux des visiteurs à la recherche de souvenirs.

Musée National du Niger à Niamey

À quelques kilomètres de Niamey, en direction de Namaro, se dressent les koris (cours d’eau temporaires) et les dunes de sable de Kareygorou. L’endroit, fort apprécié par la population de Niamey, invite à la détente le temps d’un pique-nique ou d’un apéro au sommet des dunes…

Dunes de sable rouge près de Niamey (Niger)

Kouré, à la rencontre des dernières girafes d’Afrique de l’Ouest

À une cinquantaine de kilomètres à l’est de Niamey, en direction de Dosso, la Réserve de Girafe de Kouré est le dernier refuge d’une espèce endémique, la Giraffa camelopardalis peralta.

Girafes de Kouré

Autrefois très largement répandues entre le Sénégal et le Niger, ces girafes aux tâches claires, presque blanches, fuient braconniers et prédateurs pour trouver refuge dans la brousse de Kouré. La cohabitation homme-girafe s’avère difficile. Dans une région où la majorité des habitants vit sous le seuil de la pauvreté, on n’accepte pas que les girafes piétinent les cultures à la recherche de fruits et de feuillage. En 1996, on ne compte plus que 49 girafes.

Dès 2001, l’Association pour la Sauvegarde des Girafes du Niger (ASGN) intervient auprès des populations locales pour les amener à considérer la girafe comme un patrimoine et une ressource à préserver. De 49 en 1996, on passe à 600 girafes en 2017, puis 904 girafes en 2021.

Girafes de Kouré

Mais l’avancée du désert, la conquête de nouvelles terres agricoles et les attaques terroristes imposent la délocalisation d’une partie des girafes de Kouré vers la région de Maradi.

Girafes de Kouré

Rencontrer les girafes de Kouré n’en reste pas moins une expérience inoubliable. Observer des groupes de girafes évoluer tranquillement, pouvoir s’en approcher à quelques mètres, c’est un spectacle fascinant.

Boubon, à pied ou en pirogue

Situé à 25 kilomètres de Niamey, sur la route de Tillabéri, Boubon est un village pittoresque réputé pour ses poteries de terre cuite décorées à la main. Chaque mercredi, on se presse au marché pour y faire du troc entre riverains ou y acheter de la viande à moindre coût.

Marché de Boubon
Vente de poteries de terre cuite (canaris) sur le marché de Boubon

Une visite à Boubon, c’est aussi l’occasion de profiter des pirogues stationnées en bordure de fleuve pour poser un autre regard sur les activités des pêcheurs aux alentours.

Au loin, rien ne semble perturber un groupe d’hippopotames endormis. Prudence, leurs réactions sont aussi violentes qu’imprévisibles.

Agadez, perle oubliée du désert

À 900 kilomètres au nord-est de Niamey, Agadez est à la croisée de l’Afrique noire et du Maghreb. Ancienne cité caravanière, grand carrefour du commerce transsaharien, la « Porte du Ténéré » a connu son âge d’or pendant les dix derniers siècles. Classée zone à risque en raison des menaces terroristes et des crises migratoires qui font fuir les touristes, elle tombe aujourd’hui dans l’oubli…

Sur les pistes vers Agadez

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2013, Agadez se distingue par une architecture soudanaise parfaitement conservée avec des maisons en banco (terre séchée au soleil) de couleur ocre et une magnifique mosquée construite en 1515. Son minaret, hérissé de pieux en palmier, culmine à 27 mètres de haut.

Dans le quartier Imourdan, on visite encore la maison où résida Heinrich Barth. Cet explorateur allemand passa proche de la mort en s’égarant lors de sa traversée du Sahara vers le Soudan, en 1850. Dans les montagnes de l’Aïr, il étudia les populations Touaregs avant d’être le premier chrétien à visiter Agadez.

Où loger à Agadez ? L’Auberge d’Azel propose de belles chambres climatisées aux voûtes d’argile ocre (61€/nuit pour une chambre double). Le cadre y est soigné et le jardin fleuri.

Avec l’apparition d’un vent de sable en pleine journée, l’ambiance devient surréaliste.

Tempête de sable

Le massif de l’Aïr, terre des Touaregs

Niché à la lisière du désert du Sahara, le massif de l’Aïr est le pays des Touaregs. Souvent appelés les « hommes bleus », les Touaregs se désignent eux-mêmes comme « Kel Tamajeq » (ceux de la langue tamajeq), « imouzagh » (terme employé pour désigner les « hommes libres ») ou « Kel Tagelmust » (ceux du tagelmust, en référence au chèche que les hommes portent sur la tête).

Répartie et divisée en plusieurs confédérations et tribus, la population touarègue est constituée de pasteurs nomades. Ceux-ci vivent du lait, de la viande et des peaux fournis par leurs chèvres et leurs dromadaires. Certains ont toutefois fini par se sédentariser, en raison notamment d’une forme d’acculturation et d’une marginalisation économique et politique qui les pousse au conflit dans les années 1990. La rébellion touarègue de 2007-2009 met malheureusement fin à l’industrie touristique dans la région.

Long de 400 kilomètres et large de 250 kilomètres, le massif de l’Aïr se présente comme un vaste plateau d’étendues planes, parsemées de sommets isolés de nature granitique.

Massif de l'Aïr (Niger)

Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1991 sous l’appellation de « réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré« , le massif de l’Aïr est la plus grande aire protégée d’Afrique (24 millions d’hectares). Cet îlot de faune et de flore de type sahélien, perdu dans le désert du Sahara, offre un paysage contrasté de montagnes volcaniques traversées par des koris et des oasis verdoyants.

On y mange des dattes, à l’ombre des palmiers. On y regarde une femme tresser nattes et paniers. Si elle est habillée de noir, cela signifie qu’elle est mariée. Derrière elle, on découvre l’habitation des touaregs sédentarisés, constituée d’une armature de bois mort couverte de nattes attachées ensemble pour mieux résister aux vents du désert.

Le massif de l’Aïr, ce sont aussi de magnifiques zones dunaires. Classées parmi les plus belles du Sahara, les dunes de Temet s’imposent avec leurs 300 mètres de hauteur. Un paysage époustouflant !

Le Niger ne figure pas en tête de liste des destinations africaines. Pourtant, il envoute avec ses paysages désertiques ; il émerveille avec ses oasis verdoyants ; il ravit avec ses belles girafes aux tâches claires. Il est à souhaiter que le désert ne fasse pas disparaître trop vite ce pays déroutant, déjà bien mis à mal par le climat d’insécurité dont il est victime.

Niamey (Niger)