Il y a des façons de voyager qui redonnent du souffle. Sillonner le Nil à bord d’une dahabieh en fait partie. Loin de l’agitation des grandes villes et des circuits précipités, cette embarcation traditionnelle à voile offre un rythme apaisé, presque suspendu. Entre Louxor et Assouan, le fleuve devient un fil d’or qui relie des temples oubliés aux scènes de vie les plus simples, dans une Égypte intime, chaleureuse et toujours vivante. Suivez-nous au fil de l’eau, à la découverte d’un autre rythme de voyage, entre observation silencieuse et visites privilégiées.
Sommaire de l'article
Le Nil au ralenti : prendre le temps du voyage sur une dahabieh
À contre-courant de la frénésie moderne, voguer sur une dahabieh, c’est choisir de ralentir. Sur le pont, on s’imprègne du silence rythmé par le clapotis de l’eau et le bruissement des voiles blanches.




La rive défile lentement : un champ de canne à sucre, un paysan en galabieh poussant sa charrette, des enfants courant vers l’eau pour saluer le passage du bateau, un pêcheur solitaire lançant son filet à l’aube.







Ici, le Nil ne se regarde pas, il se vit. Chaque moment devient une parenthèse : les repas servis à ciel ouvert, les lectures à l’ombre d’un palmier, les escales improvisées au pied d’un village ou d’un banc de sable.



On navigue au gré du vent, parfois même sans moteur, avec le luxe rare de ne rien presser. Ce n’est pas un simple trajet : c’est un voyage dans le voyage, un lien vivant entre les pierres éternelles et le quotidien des hommes.


Escales culturelles : sur la route des temples oubliés
Une croisière sur le Nil entre Louxor et Assouan, c’est aussi une succession de merveilles archéologiques, souvent visitées à contre-courant des grands bateaux, dans un calme propice à l’émerveillement.
Le temple d’Edfou, l’éclat du dieu faucon
Situé sur la rive ouest du Nil, à mi-chemin entre Louxor et Assouan, le temple d’Edfou est l’un des sanctuaires les mieux conservés d’Égypte. Son état de préservation exceptionnel s’explique par le fait qu’il fut enseveli sous le sable et les alluvions du Nil pendant des siècles, avant d’être redécouvert au XIXe siècle.

Dédié à Horus, le dieu-faucon protecteur de la royauté, ce temple impressionne d’abord par sa monumentalité : 137 mètres de long, 36 mètres de haut, un pylône d’entrée flanqué de deux statues colossales d’Horus en granit noir, et une salle hypostyle aux colonnes massives.

Sa construction s’étend sur près d’un siècle, entre 237 et 57 av. J.-C., sous les souverains ptolémaïques, alors que l’Égypte était déjà sous domination grecque. Pourtant, l’architecture et la décoration restent résolument égyptiennes, dans le respect des traditions millénaires.



À l’intérieur, chaque mur raconte la lutte cosmique entre Horus et Seth, symbole de l’éternel affrontement entre l’ordre et le chaos. On peut y suivre les rites de purification, les processions divines, et même la cérémonie de la « fête de l’union », marquant le lien entre Horus et Hathor de Dendérah.
Le temple d’Edfou est aussi remarquable pour sa clarté de lecture : les reliefs sont bien conservés, les hiéroglyphes lisibles, les volumes encore intacts. Il offre ainsi une véritable immersion dans les codes du culte égyptien.



Bon à savoir
Le temple se trouve à quelques minutes à pied de l’embarcadère. Prévoir environ 1h30 sur place. L’entrée est souvent faite tôt le matin, dans le calme, avant l’arrivée des bateaux plus imposants. Le site est très photogénique, en particulier au lever du jour, quand la pierre calcaire prend une teinte dorée.
Gebel el-Silsila, la mémoire des bâtisseurs
À mi-parcours entre Edfou et Kom Ombo, le Nil se resserre entre deux falaises de grès rouge : Gebel el-Silsila. Ce site discret, souvent ignoré des circuits classiques, fut pourtant un lieu stratégique pour l’Égypte ancienne. Pendant des siècles, il a servi de carrière principale pour l’extraction des blocs qui allaient ériger les plus grands temples du pays, de Karnak à Louxor.

Ici, pas de colonnades majestueuses ni de statues monumentales. Mais une atmosphère unique, presque méditative. Sur les parois rocheuses, on devine les traces des tailleurs de pierre, les marques de transport, les lignes de découpe. Gravés à même la falaise, des cartouches royaux, stèles votives et chapelles rupestres rendent hommage aux dieux ou commémorent la venue d’un souverain.

Parmi les vestiges les plus remarquables : un petit sanctuaire dédié à Sobek et Horemheb, niché dans la paroi sud, et plusieurs inscriptions précisant les noms des chefs d’équipes, des ingénieurs ou des scribes. C’est le monde des bâtisseurs que l’on découvre ici, avec ses gestes oubliés, ses offrandes simples, ses mots gravés dans la pierre pour conjurer le temps.



Gebel el-Silsila est aussi un site naturel de toute beauté. Peu fréquenté, il offre une vue saisissante sur les méandres du fleuve, dans un calme absolu. Le soleil, en fin de journée, colore les falaises d’ocre, de rose et de pourpre, transformant le paysage en fresque vivante.


Bon à savoir
Le site n’est accessible qu’en bateau et ne dispose d’aucune infrastructure touristique, ce qui participe à sa magie. La visite se fait souvent en petit groupe ou accompagné d’un guide local. Environ 1 heure suffit pour explorer l’essentiel, mais on y resterait volontiers plus longtemps, juste pour admirer le Nil depuis les hauteurs.
Kom Ombo, deux dieux pour un même temple
Perché au bord du fleuve, sur un promontoire naturel surplombant le Nil, le temple de Kom Ombo surprend par sa symétrie parfaite. Unique en Égypte, ce sanctuaire est dédié à deux divinités principales aux attributs opposés : Sobek, le dieu crocodile, associé à la fertilité, la médecine et les eaux du Nil, et Haroëris, forme d’Horus vénérée pour sa lumière et sa protection.

Construit entre le IIe et le Ier siècle avant J.-C., sous la dynastie ptolémaïque, le temple adopte une architecture dite « double » » » : deux entrées jumelles, deux salles hypostyles, deux sanctuaires. Cette structure reflète l’équilibre cosmique entre deux forces — souvent perçues comme rivales — unies dans un même espace sacré.

Les bas-reliefs de Kom Ombo sont parmi les plus intéressants pour qui s’intéresse à la vie quotidienne et aux sciences dans l’Égypte ancienne. On y découvre notamment des représentations d’instruments médicaux, des scènes d’accouchement, des gestes de soins et des divinités guérisseuses. Un mur gravé présente ce qui est souvent décrit comme une « clinique » symbolique : un témoignage rare de l’importance de la médecine dans le monde pharaonique.




Le site abrite également un petit musée des crocodiles momifiés, où l’on peut observer plusieurs spécimens conservés dans un état étonnant, rappelant le rôle sacré de ces animaux dans la région.
Bon à savoir
Le temple est situé tout près du fleuve, ce qui rend l’approche en dahabieh particulièrement spectaculaire, surtout au coucher du soleil. Compter environ 1 heure pour la visite. Le musée se trouve juste à côté du site principal et peut être visité avec le même billet.

Infos pratiques pour une croisière sur le Nil en dahabieh
La croisière sur une dahabieh se distingue par ses nombreux atouts : elle permet de visiter les sites majeurs souvent en décalé des grands groupes, d’accéder à des lieux plus confidentiels comme Gebel el-Silsila ou des villages authentiques, et offre une expérience de voyage respectueuse de l’environnement.
- Durée et itinéraires : Les croisières se font généralement entre Louxor et Assouan, sur plusieurs jours (4 à 6 nuits), permettant de découvrir des sites majeurs tout en profitant du rythme lent du fleuve.
- Type d’embarcation : la dahabieh est un bateau à voile traditionnel (10 à 14 passagers en général), plus petit et plus intimiste que les bateaux de croisière classiques. Il est accompagné par un petit remorqueur pour aider à la navigation quand le vent est trop faible.
- Confort à bord : Cabines simples mais confortables, parfois avec terrasse privée, repas typiques préparés à bord, et petite équipe chaleureuse et attentive.
- Rythme : 2 à 3 escales par jour, navigation tranquille, temps libre pour profiter du pont ou de lectures au fil de l’eau.
- Saison idéale : Le meilleur moment pour naviguer sur le Nil s’étend d’octobre à avril, avec des températures agréables et peu de vent en hiver.
- Réservation : Compte tenu de la taille réduite des dahabiehs, il est conseillé de réserver plusieurs mois à l’avance.
La croisière sur une dahabieh est l’un de nos coups de cœur pour un voyage en Égypte. Si vous souhaitez inclure quelques jours à bord d’une dahabieh dans votre projet de voyage, contactez-nous pour recevoir une offre personnalisée, sans engagement, ou découvrez notre itinéraire de 8 jours Egypte, sur la terre des pharaons, proposé à partir de 3000 € par personne, basé sur un groupe de 4 voyageurs.
