À une heure de Tokyo, Kamakura offre une respiration inattendue. Bordée par les collines et ouverte sur l’océan, la ville dévoile un visage plus paisible du Japon, où l’histoire féodale se mêle à la spiritualité zen. Loin de l’agitation de la capitale, on déambule de temples en sanctuaires, entre jardins de bambous, escaliers moussus et grandes statues de bronze. Le temps semble ralentir, et c’est peut-être là que réside le charme de Kamakura : une harmonie subtile entre nature, culture et spiritualité, accessible en une simple excursion depuis Tokyo.
Kamakura en quelques mots
Capitale politique du Japon au temps du shogunat (1185–1333), Kamakura compte aujourd’hui plus de 150 temples et sanctuaires disséminés dans un écrin de collines et de verdure. La ville attire chaque année près de 20 millions de visiteurs, séduits par son atmosphère zen, ses monuments emblématiques et son littoral qui lui confère une ambiance balnéaire.
Située sur la côte de la baie de Sagami, Kamakura est parfois surnommée la « petite Kyoto de l’Est ». Elle doit sa renommée au Grand Bouddha en bronze de 13 mètres de haut, mais aussi à ses temples intimistes et à ses sanctuaires shinto, parmi lesquels le Tsurugaoka Hachimangū, cœur spirituel de la cité. Ici, spiritualité et nature se répondent, entre forêts de bambous, cerisiers en fleurs au printemps et plages animées en été.

Comment se rendre à Kamakura ?
Depuis Tokyo, Kamakura se rejoint facilement en train. La JR Yokosuka Line relie directement la gare de Tokyo ou celle de Shinjuku à Kamakura en environ une heure. Le billet aller-retour coûte autour de 1900 yens, ce qui en fait une excursion abordable et pratique à organiser depuis Tokyo.
Sur place, la ville se visite essentiellement à pied. Les principaux temples et sanctuaires sont regroupés dans un périmètre accessible, même si un trajet en bus peut s’avérer utile pour rejoindre les sites les plus éloignés.
Où loger à Kamakura ?
La majorité des voyageurs se contentent d’une excursion à la journée, mais Kamakura mérite aussi que l’on y passe une nuit ou deux. Dès la fin d’après-midi, lorsque la majorité des visiteurs reprennent le train vers Tokyo, la ville retrouve son calme et révèle une atmosphère plus intime.
On y trouve plusieurs ryokan traditionnels, de petits hôtels familiaux et des guesthouses conviviales. Pour un séjour plus insolite, certaines auberges donnent directement sur la plage : une façon originale de combiner culture et détente. En été, l’idée de prolonger le voyage par quelques heures les pieds dans le sable séduit de nombreux voyageurs.
Que voir, que faire à Kamakura ?
Kamakura se prête merveilleusement bien à une exploration à pied. En une journée, il est possible de découvrir plusieurs temples et sanctuaires majeurs, à condition de garder un bon rythme et de ne pas craindre de marcher plusieurs kilomètres. Le parcours serpente entre collines boisées et petites rues tranquilles, ponctué de pauses dans les jardins, les cours de temples ou les salons de thé. Pour ceux qui souhaitent écourter certaines portions, un court trajet en bus permet de rejoindre les sites les plus éloignés sans perdre de temps.
La plupart des temples sont payants, avec une entrée généralement comprise entre 300 et 500 yens, à régler en espèces directement sur place.
Engaku-ji
Fondé en 1282, Engaku-ji est l’un des plus vastes et des plus importants complexes zen du Japon. Situé juste derrière la gare de Kita-Kamakura, à une station avant Kamakura sur la ligne JR Yokosuka, c’est souvent le premier temple que l’on découvre en arrivant. Il constitue une introduction idéale à l’atmosphère spirituelle de la ville.
Le temple fut fondé à la demande du régent Hōjō Tokimune pour commémorer les soldats tombés lors des invasions mongoles. Engaku-ji abrite plusieurs bâtiments historiques, une trentaine au total, disséminés sur les pentes boisées qui entourent le site. On y accède par une succession d’escaliers de pierre menant à d’imposantes portes de bois, dont la grande Sanmon, symbole du temple.

La visite prend environ 45 minutes à une heure, selon le rythme. Le chemin principal conduit à plusieurs pavillons, dont la salle principale (Butsuden) où trône une statue de Shaka Nyorai, le Bouddha historique. Plus haut, au sommet du site, un petit sentier mène à une cloche monumentale vieille de sept siècles, inscrite au patrimoine national. Le tintement discret du vent dans les arbres, la mousse sur les pierres et la lumière filtrant à travers les feuillages donnent à l’ensemble une atmosphère d’une grande quiétude.




Engaku-ji incarne parfaitement la philosophie zen : sobriété, équilibre, et beauté dans la simplicité. C’est un lieu qui invite à ralentir, à observer les détails, à s’imprégner du silence et de la nature environnante. Visiter ce temple en tout début de journée permet d’en profiter dans la fraîcheur matinale et la tranquillité, avant l’arrivée des groupes.

Jōchi-ji
À une dizaine de minutes à pied d’Engaku-ji, Jōchi-ji est un temple plus modeste mais plein de charme. Construit au XIIIᵉ siècle, il fait partie des cinq grands temples zen de Kamakura, bien que beaucoup plus discret que ses voisins.

On y entre par un petit pont de pierre et une porte de bois envahie de mousse. Le domaine est enveloppé de verdure, et les pavillons se fondent dans la nature. Ici, pas de monumentalité : tout est mesure, silence et douceur. La visite dure une trentaine de minutes, le temps d’observer les détails architecturaux et de profiter du calme, souvent sans foule.







Kaizō-ji
À mi-chemin entre Jōchi-ji et Kenchō-ji, Kaizō-ji est un petit temple bouddhiste paisible, souvent ignoré des circuits touristiques. Fondé à l’époque de Muromachi, il se niche dans un quartier résidentiel, un peu à l’écart du flux des visiteurs. Dès l’entrée, un grand portail de bois encadré d’érables accueille le promeneur dans une atmosphère intime et feutrée.

Le jardin, soigneusement entretenu, est une merveille de simplicité. En suivant le petit sentier à l’arrière du temple, on découvre une bambouseraie discrète où le murmure du vent accompagne le chant des oiseaux. Quelques statues de pierre, moussues et penchées, veillent sur le lieu.



La visite ne prend pas plus d’une demi-heure, mais c’est un arrêt plein de charme, parfait pour une pause entre deux temples majeurs.
Kenchō-ji
En descendant vers le sud, on atteint Kenchō-ji, le plus ancien monastère zen de Kamakura, fondé en 1253. C’est un ensemble impressionnant, organisé autour d’une grande allée bordée de cyprès qui mène à la majestueuse porte Sanmon.

Le temple compte plusieurs bâtiments remarquables : la salle principale Butsuden, le pavillon des moines, et surtout le jardin dessiné par le maître paysagiste Musō Soseki, figure essentielle du zen japonais. En gravissant les sentiers derrière le temple, on accède à un belvédère naturel qui offre une vue magnifique sur la vallée et la mer au loin.









Prévoyez environ une heure de visite, davantage si vous souhaitez grimper jusqu’aux hauteurs. Kenchō-ji illustre la puissance spirituelle et architecturale du zen à son apogée, entre rigueur et beauté épurée.
Tsurugaoka Hachimangū
En redescendant vers le centre de Kamakura, le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangū s’impose comme une halte incontournable. Fondé au XIᵉ siècle par le shogun Minamoto no Yoritomo, il est dédié à Hachiman, dieu de la guerre et protecteur des samouraïs.

Le sanctuaire s’étend sur une vaste esplanade bordée d’étangs et de cerisiers. Une grande allée rectiligne, ponctuée de torii rouges, conduit à un monumental escalier menant au pavillon principal. De là, la vue sur la ville et les montagnes environnantes est superbe.





La visite dure environ quarante-cinq minutes, mais on peut aisément s’y attarder davantage, notamment au printemps, lorsque les cerisiers sont en fleurs. C’est le cœur symbolique et spirituel de Kamakura, un lieu de ferveur et de rassemblement.

Sugimoto-dera
Plus au sud, à l’écart des circuits les plus fréquentés, se trouve Sugimoto-dera, souvent considéré comme le plus ancien temple de Kamakura. Fondé au VIIIᵉ siècle, il est surnommé “le temple des mousses” en raison de son escalier envahi de verdure.






L’atmosphère y est profondément mystique. On y découvre des statues anciennes, parfois penchées ou couvertes de lichen, témoins d’un passé très ancien. Le temple se visite en une vingtaine de minutes, mais son charme réside surtout dans son ambiance : un sentiment de sérénité enveloppé de silence.
Hōkoku-ji
Surnommé le temple des bambous, Hōkoku-ji est l’un des lieux les plus photogéniques de Kamakura. Situé un peu à l’écart du centre, il se rejoint facilement en bus depuis Tsurugaoka Hachimangū ou à pied pour les plus courageux.



Derrière la porte d’entrée, une petite cour ouvre sur une bambouseraie d’une beauté saisissante. Les tiges serrées s’élancent vers le ciel, laissant passer une lumière douce et tamisée. Un pavillon de thé permet de déguster un matcha face à cette mer verte, pour un moment de quiétude absolue.




Comptez environ quarante minutes pour la visite complète. Hōkoku-ji offre un contraste saisissant entre la rigueur des bâtiments et la légèreté du bambou : un condensé d’esthétique japonaise.
Hase-dera
En rejoignant le quartier côtier de Hase, à l’ouest de Kamakura, on découvre l’un des temples les plus populaires de la ville. Hase-dera est dédié à Kannon, déesse de la compassion, dont la grande statue en bois doré atteint plus de neuf mètres de haut.
Le site s’étend sur plusieurs niveaux, entre jardins fleuris, petites grottes et points de vue panoramiques sur la baie de Sagami. En été, les sentiers se couvrent d’hortensias multicolores, tandis qu’à l’automne, les érables embrasent le paysage.







Une bonne heure permet de profiter pleinement du lieu, qui allie beauté spirituelle et contemplation de la nature.



Kōtoku-in
À quelques minutes de marche de Hase-dera se trouve Kōtoku-in, célèbre pour son monumental Grand Bouddha de Kamakura. Assis en plein air depuis plus de sept siècles, il mesure 13,35 mètres de haut et pèse plus de 120 tonnes.

Autrefois abrité dans un pavillon emporté par un tsunami au XVe siècle, le Bouddha trône désormais sous le ciel, exposé à la pluie, au vent et à la lumière. Son expression paisible et bienveillante impressionne autant qu’elle apaise.
La visite est rapide — une trentaine de minutes suffit — mais le site laisse une forte empreinte. C’est l’image emblématique de Kamakura, celle que l’on retrouve sur toutes les cartes postales, mais dont la présence réelle dépasse toute attente.


Kamakura se découvre comme une parenthèse hors du temps, un voyage au cœur du Japon spirituel, entre mer et collines. Ses temples, ses bambouseraies et ses ruelles calmes composent une symphonie d’ambiances, à la fois apaisante et inspirante. Qu’on y passe une journée ou quelques jours, la ville offre une belle introduction à l’âme japonaise : un équilibre subtil entre nature, tradition et contemplation.