Philae & Abou Simbel : temples d’éternité sur les rives du Nil

Tout au sud de l’Égypte, là où le Nil s’élargit entre îles granitiques et dunes dorées, se cachent deux joyaux de l’antiquité égyptienne : le temple d’Isis à Philae, posé sur une île paisible, et les temples majestueux d’Abou Simbel, creusés dans la roche du désert nubien. Entre lumière dorée, silence du fleuve et récits millénaires, ces deux sites emblématiques offrent un face-à-face saisissant avec la grandeur des pharaons et la délicatesse du culte sacré.

Assouan, la porte du sud

Assouan est une ville à part. Plus paisible que Louxor, elle offre un autre rythme, plus lent, plus lumineux. Le Nil y coule entre les îles et les rochers, les felouques glissent dans un calme presque irréel, et les collines désertiques rougissent au soleil couchant.

C’est ici que l’Égypte ancienne touche à la Nubie, et que les influences se mêlent. On peut y visiter le musée de la Nubie, les carrières de granit et l’obélisque inachevé, le haut barrage ou encore les villages nubiens colorés et accueillants. Mais le vrai bijou, celui qu’on garde en mémoire longtemps, se trouve sur l’eau : le temple de Philae.

Philae, le temple sauvé des eaux

Posé sur une île baignée de lumière, le temple de Philae semble flotter entre ciel et Nil. Et pourtant, dans les années 1970, ce sanctuaire millénaire a failli disparaître à jamais sous les eaux, englouti par la montée du Nil consécutive à la construction du haut barrage d’Assouan.

Le sauvetage de Philae s’inscrit dans la continuité d’un précédent chantier titanesque mené quelques années plus tôt : entre 1964 et 1968, le temple d’Abou Simbel, joyau de l’Égypte antique, fut démonté pierre par pierre puis reconstruit sur un site plus élevé, pour échapper lui aussi à l’inondation.

Grâce à une nouvelle campagne internationale menée par l’UNESCO, le temple de Philae fut quant à lui déplacé entre 1972 et 1980, grâce au démontage minutieux de près de 40 000 blocs numérotés, puis reconstruit à l’identique sur l’île voisine d’Aguilkia, plus haute et protégée. Ce chantier permit de sauver l’un des joyaux les plus raffinés de l’Égypte tardive.

Mais ce qui frappe d’abord à Philae, avant même les colonnades et les reliefs, c’est la beauté du lieu. L’île d’Aguilkia, ceinte de rochers granitiques, de palmiers et d’eaux tranquilles, semble flotter entre ciel et Nil. L’arrivée en bateau, le silence au petit matin, le scintillement de la pierre au soleil levant… tout contribue à faire de cette visite une parenthèse hors du temps, où le paysage sublime le patrimoine.

Puis, en avançant sur l’île, le temple se révèle : élégant, solennel, parfaitement proportionné.

Dédié à Isis, déesse de la maternité, de la magie et de la vie éternelle, Philae incarne toute l’élégance sacrée de l’Égypte tardive. Construit à partir du IVe siècle av. J.-C. sous les Ptolémées, et achevé sous l’empire romain, il fut l’un des derniers sanctuaires païens encore en activité, jusqu’à sa fermeture officielle au VIe siècle.

En parcourant le site, on découvre un ensemble harmonieux de pavillons, cours, pylônes et colonnes, répartis sur environ 150 mètres de long. Chaque bâtiment raconte une facette du culte d’Isis, de sa puissance divine à son rôle de mère protectrice. On y découvre entre autres :

  • Plusieurs autels, chapelles et nilomètres (puits servant à mesurer la crue du Nil).
  • Le kiosque de Trajan, structure ouverte composée de 14 colonnes, souvent considéré comme l’un des symboles les plus gracieux de Philae.
  • Le grand pylône d’entrée, haut de 18 mètres, orné de scènes de pharaons frappant leurs ennemis devant Isis, Horus et Hathor.
  • La cour hypostyle, bordée de colonnes à chapiteaux floraux, menant au sanctuaire principal.
  • Le mammisi, ou pavillon de naissance divine, célébrant l’enfantement d’Horus par Isis.

Philae est aussi un site de transition religieuse. On y trouve des inscriptions en grec ancien, en latin, et même des croix gravées dans la pierre : des témoins silencieux de la transformation progressive du temple en lieu de culte chrétien.

Bon à savoir

  • Accès : uniquement par bateau depuis le petit port de Shellal (environ 10 minutes de traversée). Les traversées se font à bord de petites barques motorisées (à négocier sur place ou à réserver via un guide).
  • Horaires : ouvert tous les jours de 7h à 17h – mieux vaut venir tôt le matin ou en fin de journée, pour profiter de la lumière et de la tranquillité.
  • Durée sur place : prévoir 1h30 à 2h pour la visite, hors trajet.

Abou Simbel, un miracle d’ingénierie au sud du Nil

À près de 280 km au sud d’Assouan, dans les confins de la Nubie, se dresse l’un des sites les plus spectaculaires d’Égypte : Abou Simbel. Perdus au milieu du désert, les deux temples creusés dans la roche par Ramsès II ne laissent personne indifférent.

Le Grand Temple de Ramsès II : Une Ode à la Puissance et à la Divinité

Ce chef-d’œuvre monumental du Nouvel Empire, érigé vers -1260 sous le règne de Ramsès II, servait autant à glorifier le pharaon qu’à affirmer la puissance égyptienne face aux peuples du Sud. Le grand temple, dédié à Ramsès lui-même ainsi qu’aux divinités Amon, Rê-Horakhty et Ptah, frappe immédiatement par l’imposante façade sculptée directement dans la falaise.

Quatre colosses, hautes de 20 mètres, gardent l’entrée : taillés dans le roc, leurs traits sévères et majestueux, leur torse droit et puissant, semblent défier le temps. Ces statues monumentales symbolisent l’autorité du pharaon et son rôle divin, dominant le paysage désertique avec une force intacte depuis plus de 3 000 ans.

Autour de l’entrée, des bas-reliefs représentent Ramsès en héros et guerrier, des scènes de bataille à la célèbre victoire de Qadesh, ou encore des offrandes aux dieux, témoignant du mélange de politique, religion et art qui caractérise ce site exceptionnel.

À l’intérieur du temple, le visiteur est plongé dans un véritable voyage à travers l’art et la spiritualité de l’Égypte ancienne. Une succession de salles s’enchaîne, chacune ornée de colonnes osiriaques aux formes humaines, symboles de renaissance et de résurrection, qui renforcent le caractère sacré du lieu. Les murs sont couverts de bas-reliefs finement sculptés, illustrant des scènes de batailles glorifiant Ramsès II, notamment la célèbre victoire de Qadesh, où le pharaon est représenté en chef militaire invincible.

Le parcours conduit jusqu’au sanctuaire principal, cœur mystique du temple, où quatre statues imposantes sont alignées : les trois grandes divinités Amon, Rê-Horakhty, Ptah, ainsi que Ramsès II lui-même, qui y est présenté dans sa forme divine. Cette représentation témoigne de la déification du pharaon, un élément essentiel de la théologie royale.

Un des aspects les plus fascinants du temple d’Abou Simbel est son alignement astronomique. Chaque année, aux alentours des 21 février et 21 octobre, les premiers rayons du soleil pénètrent dans le sanctuaire et illuminent successivement les statues des dieux, jusqu’à atteindre celle de Ramsès II, au fond du temple. Seule la statue de Ptah, le dieu des enfers, reste dans l’ombre. Ce phénomène rare témoigne d’une maîtrise exceptionnelle de l’architecture et de l’astronomie dans l’Égypte antique.

Il est important de préciser que ces dates ne sont pas fixes au jour près. Elles peuvent varier légèrement d’une année à l’autre, en raison des ajustements du calendrier grégorien ainsi que des phénomènes astronomiques comme la précession des équinoxes. Malgré ces variations, ces deux périodes restent les moments clés où ce spectacle unique peut être observé.

Mieux encore, cet alignement solaire a été conservé avec une précision remarquable lors du déplacement colossal du temple dans les années 1960, un exploit technique extraordinaire qui souligne l’importance historique et culturelle du site.

Car, comme Philae, Abou Simbel fut sauvé des eaux à la fin des années 1960, menacé par la montée du lac Nasser suite à la construction du haut barrage d’Assouan. Pour le préserver, il fallut découper les temples en blocs pesant entre 20 et 30 tonnes, les remonter 65 mètres plus haut sur une colline artificielle, puis reconstituer la montagne qui les abrite aujourd’hui.

Cette opération spectaculaire demeure un symbole puissant de la préservation du patrimoine mondial en péril, offrant aux visiteurs d’aujourd’hui la chance d’admirer un chef-d’œuvre du Nouvel Empire dans un cadre à la fois grandiose et chargé d’histoire.

Le Petit Temple d’Hathor et Néfertari : Une Déclaration d’Amour Royale

Ce temple, plus modeste que le grand sanctuaire de Ramsès II, est un véritable joyau dédié à la déesse Hathor, protectrice de l’amour, de la beauté et de la musique, ainsi qu’à la reine Néfertari, épouse favorite de Ramsès II. Construit à la même époque, vers -1260, il célèbre à la fois la divinité et la reine, qui y est représentée à plusieurs reprises, preuve de l’estime exceptionnelle dans laquelle elle était tenue.

La façade du temple est remarquable par ses six statues grandeur nature : quatre d’entre elles représentent Ramsès II, tandis que deux autres représentent Néfertari, un honneur rare réservé à une reine.

À l’intérieur, les murs sont ornés de bas-reliefs et de peintures colorées montrant la reine en compagnie des dieux, notamment Hathor, et participant à des rites religieux. Ces fresques, parmi les mieux conservées d’Égypte, témoignent de la place centrale qu’occupait Néfertari dans la vie spirituelle et politique du règne.

Le temple est aussi un témoignage poignant de l’importance de l’amour et du respect au sein du couple royal, un aspect rarement mis en avant dans l’architecture pharaonique. Il offre ainsi un contraste sensible et intime avec la majesté imposante du grand temple de Ramsès II.

Bon à savoir

  • Accès : Le site d’Abou Simbel se situe à environ 280 km d’Assouan, accessible en voiture ou en avion.
  • Horaires : Ouvert de 6h à 16h. La visite est généralement prévue tôt le matin ou en fin d’après-midi pour éviter la chaleur.
  • Meilleure période pour la visite : De novembre à février, lorsque le climat est plus doux.

Explorer Philae et Abou Simbel, c’est vivre deux moments suspendus dans un voyage en Égypte. Deux temples, deux îles, deux sauvetages spectaculaires… mais une même émotion face à la beauté des pierres et à la force du temps.

Ces étapes s’intègrent parfaitement dans un itinéraire sur mesure à travers l’Égypte. Si vous souhaitez les inclure dans votre projet de voyage, n’hésitez pas à nous contacter pour recevoir une proposition personnalisée, sans engagement. Vous pouvez également découvrir notre itinéraire Égypte, sur la terre des pharaons, une suggestion de voyage de huit jours à partir de 3000€ par personne, sur la base d’un groupe de quatre voyageurs.

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